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Maxime Le ForestierLe fant�me de Pierrot(Maxime Le Forestier) 1976--------------------------------------------------------------------------------Assis sur son croissant de lune,Pierrot attendQue quelqu'un lui rende sa plume.Depuis le temps,Depuis le temps qu'on la lui volePour envoyer des petits mots,Pierrot va prendre la parole.�coutez bien Pierrot.Assis sur son croissant de luneEn spectateur,Depuis sa luisante tribuneDe nos malheurs,Pierrot a tant de choses � direQue si vous ne vous d�p�chezDe lui donner de quoi �crire,Pierrot va se mettre � crier :"J'�tais vivant, Messieurs, Mesdames,J'�tais vivantQuand je jouais les m�lodramesDe pantomimes en mimodrames.J'�tais vivant,Et si je taisais souvent,C'est que l'amour est bien plus beauAvec des mains qu'avec des mots.Eh, regardez ce qu'on a fait de moi :Un habitant b�at de vos pays lunairesEt qui, � force de se taire,S'en va r�ver tout seul.Pourtant j'�tais fils de r�volteAvec mes com�diens,De Colombine d�sinvolteEn singe d'Arlequin,La pi�ce n'est pas si gentilleQuand le valetVole la fortune et la filleDe celui qui le paie.Tu as bien applaudi, merciTu t'es lev�, tu es parti.T'�tais vivant, Messieurs, Mesdames,T'�tais vivant,Quand tu venais aux m�lodramesDe pantomime en mimodrames.T'�tais vivantEt si tu payais pas souventAu moins, tu savais t'en allerQuand le spectacle �tait mauvais.Eh, tu as l'air de quoi dans ton fauteuil,A �couter b�ler ce gratteur de guitare ?Regarde-moi, et puis compareSi tu as encore un oeil.A moi tous ceux qui me ressemblent,Les valets, les pi�tons,Timides, muets, ceux qui tremblentDevant tous les b�tons,C'�tait des coups de pied aux fesses,Des cris de joiesQue j'esp�rais dans cette pi�ceQue vous jouez en bas.Quand le d�nouement va venirJe s'rai trop vieux pour applaudir.Descends de ton croissant de luneJuste une foisSi tu ne veux pas pour des prunesUser ta voix.Rester l�-haut, c'est un peu commeSi tu criais dans un d�sert.Descends de l�, si t'es un homme,Te battre avec la terre.Assis sur son croissant de lune,Pierre r�pond :"Moi qui ne suis un homme en aucuneDe vos fa�ons,Moi qui suis fait de diff�rencesTant�t tout blanc, tant�t tout noirJ'arrive au pays des nuancesTout est grisaille ici ce soir.Avez-vous regard� d'abordLe pays qui vous sert de piste.Je n'ai jamais vu de d�corSi sinistre.Quel est donc ce d�corateurPour qui le sinistre est de miseEt qui ne sait qu'une couleur :La grise ?Quel est donc ce peintre mauditQui a dessin� sur la toileLa toile de fond de ParisEn y oubliant les �toiles ?Comme ton costume a chang� !O� sont les carreaux de ta veste ?Arlequin, ton masque est jet�,Tu restes,Sans ton chapeau, sans tes manies,Tu restes le perdant qui gagneMais qui ne gagne que sa vieAu bagne.Comme ton allure a chang� !Plus de sauts, plus de cabrioles.Tu vas au boulot r�sign�.C'est ton auto qui te console.Colombine, quel est l'auteurQui a pondu pour toi ce r�leNi gai, ni simple, ni charmeurNi dr�le ?Depuis qu'un tas d'honn�tet�T'a prise avec lui en m�nage,Femme dans cette soci�t�Tu nages.Tu nages dans tes draps de lit,Tu nages dans l'eau de vaisselle.A tant te battre, tu oubliesQue de mon temps tu �tais belle.On ne te vole plus ton or,Harpagon, Pantalon, Cassandre.Il a bien grandi le tr�sorA prendreEt tu poss�des, maintenantQue tu as pris go�t aux affaires,Les rois, les hommes, les enfantsLa terre.Comme on ne te reconna�t plusSous tes soci�tes anonymes,Jamais les coups de pied au culNe peuvent trouver leur victimeEt toi tu joues, Messieurs, Mesdames,Et toi tu jouesCe lamentable m�lodrameDe pantomime en mimodrame.Et toi tu joues.Es-tu s�r d'arriver au bout ?Sans t'apercevoir � la fin.Que ce contrat ne valait rienEh, tu as l'air de quoi dans ton habit.S'il suffisait d'avoir un peu de maquillagePour se changer coeur et visage,Tu serais un g�nie.Tu sais, c'est pas �crit d'avance,Juste un petit dessin.�a s'improvise, �a se danse,Tu peux changer la fin.Cesse de rab�cher ton texte,Mauvais acteur.Saute sur le premier pr�texteSi tu n'as pas trop peur.De mon silence, enfin, je sors.�coute-moi, fais un effort.Tu vas mourir, Messieurs, Mesdames,Tu vas mourirPour terminer le m�lodrameDe pantomime en mimodrame.Tu vas mourirSans avoir jamais su sourire.Le rideau tombe et demain soirOn te remplace et �a repart.Va-t'en sur ton croissant de lune,Pierrot bavard.Tu vas d�cha�ner la rancuneDu d�sespoir.Si t'es venu dire � la terreQue cette vie mene au tr�pas,Reste muet, reste lunaire.On ne t'en voudra pas.Assis sur son croissant de lune,Pierrot s'en va.
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